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publique avait aidé le trésor dans les moments difficiles de la guerre[1].

1685. — L’état touchait au moment d’être, une seconde fois, libéré par l’habileté de Colbert, lorsqu’une réprimande injuste, priva la France de ce grand homme. Lorsque Colbert rendit compte à Louis XIV de ce qu’avait coûté la grille qui ferme la grande cour de Versailles, le roi trouva cette dépense beaucoup trop chère, et, après plusieurs choses désagréables, dit : « Il y a de la friponnerie. — Sire, répondit Colbert, je a me flatte au moins que ce mot ne s’étend pas jusqu’à moi. — Non, lui dit le roi ; mais il falloit y avoir plus d’attention. » Et il ajouta : « Si vous voulez savoir ce que c’est que l’économie, allez en Flandre : vous verrez combien les fortifications des places conquises ont peu coûté. » Les travaux des places fortes étaient dans le département du ministre Louvois, ennemi de Colbert. Le mot du roi, la comparaison qu’il avait établie, portèrent un coup mortel à ce dernier : il tomba malade ; et ses dernières paroles furent, en parlant de Louis XIV : « Si j’avois fait pour Dieu ce que j’ai fait pour cet homme-là, je serois sauvé deux fois ; et je ne sais pas ce que je vais devenir[2]. »

Quoiqu’il ne lui eût pas été possible d’atteindre le but

  1. États au vrai manuscrits des années 1680 et 1581. — Forbonnais. — Comptes de Mallet, P. 286, 358 et 413. — Rapport du ministre Deemaretz au régent. — Plusieurs édits, arrêts et déclarations.
  2. Particularités sur les ministres des finances, par M. de Monthion.