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Le retour de la paix ne ramena pas les dépenses dans les bornes où elles étaient renfermées avant le commencement de la guerre, parce que Louis XIV conserve sur pied ses armées. Enivré de louanges, seul arbitre de l’emploi des revenus publics, et méditant avec Louvois les projets de nouvelles conquêtes, le roi fut sourd à la voix du ministre qui ne cessait de lui indiquer la réduction momentanée des dépenses de luxe comme une source de biens et d’avantages incalculables pour les peuples et pour l’état, en raison de la facilité qu’elle donnerait pour la prompte extinction de la dette et la réduction des impôts.

Déjà, dans un mémoire présenté à Louis XIV en 1666, Colbert, obéissant à l’ordre que le roi lui avait donné de l’avertir quand il irait trop vite, avait fait des représentations sur l’augmentation de la dépense des écuries, du jeu, des fêtes, de l’ameublement, de la maison militaire et des pensions inutiles ; il ajoutait : « Votre Majesté a tellement mêlé ses divertissements avec la guerre de terre, qu’il est bien difficile de les diviser ; et si Votre Majesté veut bien examiner en détail combien de dépenses inutiles elle a faites, elle verra bien que, si elles étoient toutes retranchées, elle ne seroit point réduite à la nécessité où elle est. »

En présentant au roi le projet de dépenses pour l’année 1681, le ministre accompagnait son travail des observations suivantes :

« Il seroit nécessaire de réduire les dépenses à soixante-huit millions, et même d’en retrancher encore deux vers le milieu de l’année ; »

Et plus loin :

« Ce qu’il y a de plus important et sur quoi il y a