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aux Hollandais toute leur supériorité sur le commerce maritime et sur les manufactures de la France. Colbert vit avec regret les intérêts commerciaux de la France sacrifiés à ceux de la politique, et il ne cessa de conseiller au roi le rétablissement d’un tarif basé sur les principes de celui qui était abandonné, comme un moyen de prospérité[1].

Nonobstant l’ordre et l’économie que le ministre avait maintenus dans toutes les dépenses par l’adjudication publique des entreprises et des fournitures, autant que par l’exactitude dans les paiements ; nonobstant une augmentation de dix-huit millions dont profitait l’épargne, sur vingt millions que les impôts avaient ajoutés depuis dix ans au revenu de l’état, les finances se trouvaient, à la conclusion de la paix, dans la position où devait les placer une insuffisance annuelle de plus de trente millions à laquelle il n’avait été pourvu qu’à l’aide des affaires extraordinaires. Cette ressource coûteuse n’excluait pas celle des anticipations sur les revenus il venir : elles dépassaient trente millions. Cette dette et les charges dont plusieurs branches de revenu se trouvaient grevées n’étaient plus cette fois le résultat de l’ignorance ou d’une connivence coupable entre un ministre et des spéculateurs également avides : elles étaient la conséquence inévitable et vraie des frais causés par une longue guerre, par le faste de la représentation royale et par d’immenses travaux, qui, dans l’espace de onze années, avaient porté la dépense de soixante à cent onze millions[2].

  1. Arrêt du conseil du 30 août 1678.
  2. États au vrai manuscrits des années 1666, 1677 et 1679. — Comptes de Mallet. — Forbonnais.