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grande puissance à celui qui saurait les faire respecter : c’est ce que fit Charlemagne. Mais une tâche plus difficile s’était offerte à ce prince, celles d'assurer la tranquillité intérieure, que menaçaient de troubler les dissensions existantes entre le clergé et les possesseurs de ses biens; tranquillité sans laquelle les grands projets de conquête que méditait son génie ne pouvaient être mis à exécution.

Il s'occupa d'abord de rétablir la discipline ecclésiastique, et de rendre le clergé plus respectable en l’attachant tout entier aux devoirs de son état. Dans cette vue, une loi interdit à tous les serviteurs de Dieu de porter les armes et leur défendit d’aller à la guerre. Deux ou trois prêtres seulement, choisis par l’évêque, purent prêcher et donner la bénédiction dans les camps. Charlemagne combla d'honneurs le haut clergé, qu’il appela aux principaux emplois de l’état, et étendit les juridictions ecclésiastiques, renfermées jusque alors dans des limites assez étroites. On fit défense, sous peine de sacrilège, de porter atteinte aux privilèges et immunités des ecclésiastiques et des monastères; d'envahir, de dévaster ou de vendre leurs biens, qui furent déclarés inviolables et indivisibles pour l’avenir. On s’occupait en même temps d'assurer au clergé l'indemnité du revenu des biens qu’il avait perdus et dont la restitution était devenue impraticable[1].

Une assemblée générale confirme par de nouvelles

  1. Caroli magni. cap. prim. ann. 769, art. 1. - Edictum dominicum de honore et adjutorio episcopis præstando a comitibus et aliis judicibus, ann. 800. - 4 Capit. de immunitate episcoporum, etc., ann. 803. - Mably, obs, liv 1, ch. 5, et Preuves.