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temps qu’elles devinrent l’occasion d’une foule d’abus[1].

Lorsqu’aux ressources que procuraient ces différents moyens le ministre fut obligé d’ajouter l’élévation ou la création de certaines taxes, dans cette circonstance comme dans beaucoup d’autres il se montra supérieur aux idées d’une étroite fiscalité qui avaient dirigé ses prédécesseurs. Il abandonna l’expédient trop facile des sous additionnels, qui, ajoutant une même somme indistinctement à des impôts déjà inégalement distribués, devenaient par cela seul un impôt injuste et d’un produit moins certain.

Le tabac s’offrit d’abord comme un objet susceptible de supporter une augmentation d’impôt. Jusque alors l’importation de cette plante était soumise à des droits qui avaient plusieurs fois varié, mais qui différaient toujours suivant que cette production était tirée de l’étranger ou des colonies. Elle donnait ainsi un revenu à l’état, sans cesser d’être pour le royaume l’objet d’un commerce et d’une culture libres qui en propageaient l’usage et fournissaient encore à une exportation lucrative. Colbert agit contre ses propres idées en réservant au roi le droit de vente exclusive du tabac. Ce nouveau monopole fut affermé moyennant cinq cent mille livres pour les deux premières années, avec un droit de marque sur la vaisselle d’étain. A la sollicitation des fermiers, la plantation, libre jusque alors, fut restreinte à certains lieux fixés dans le Languedoc, la Guyenne, et dans les

  1. États au vrai manuscrits de 1674 et de 1677. — Edits de mars et d’avril 1673, etc. etc.