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Ainsi, d’après ces statuts, le manufacturier n’est pas le maître de teindre ses étoffes; un teinturier en fil ne peut étendre son industrie à la teinture en laine ou en soie; il est défendu au chapelier de faire le commerce de la bonneterie et de fabriquer des demi-castors; un apprenti n’est pas reçu avant fige de quinze ans dans une fabrique d’étoffes de soie; l’étranger est exclus de cet apprentissage, et, fût-il un habile ouvrier; l’achat d’une maîtrise ne lui est permis qu'après avoir travaillé pendant cinq années; enfin, les femmes n’ont pas la permission de travailler sur les métiers. Colbert, qui fit approuver ces règlements, profita encore des bénéfices du droit domanial, que Henri II avait attaché à l'exercice des professions utiles, pour assujettir les communautés qui étaient déjà instituées à prendre des lettres de confirmation moyennant finance. Il créa à plusieurs reprises des places de maître dans chaque communauté. Mais, les maîtres établis ayant intérêt à écarter de nouveaux concurrents, pour se maintenir en possession du monopole de l’industrie, les communautés se voyaient forcées d'acheter les nouvelles lettres de création qu’elles annulaient. On leur permit à cet effet d’ouvrir des emprunts et de lever, par des taxes sur les récipiendaires et sur les marchandises, les sommes nécessaires pour en payer les intérêts. Ces rentes, grossies dans la suite par de semblables motifs, par des frais de procédure entre les maîtres ou entre les jurandes, et par d'autres besoins réels ou supposés, formèrent dans toutes les communautés du royaume la source d'une imposition cachée sur le public et sur la consommation, en même