Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/483

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rope, priva pour cette fois le ministre de ce moyen de concurrence : il entreprit alors de soustraire l’état à l’avidité des traitants en appelant directement au trésor l’argent des capitalistes, dont les financiers n’étaient souvent que les entremetteurs dispendieux. Dans cette vue, un édit établit d’abord une caisse d’emprunt où les particuliers pouvaient placer leurs fonds à l’intérêt de cinq pour cent, avec la faculté de les retirer à volonté. Le succès de cet établissement répondit à l’attente de son inventeur : la caisse aida aux opérations, et fournit un témoignage de la confiance qu’inspirait l’administration, puisque, dans le cours même de la guerre, l’excédant libre des fonds déposés fut habituellement de quatorze à quinze millions, et qu’il s’éleva plus tard jusqu’à vingt-neuf[1].

Les mêmes ménagements qui présidaient aux emprunts dirigèrent les aliénations ; elles portèrent principalement sur les droits ide greffe, et sur un grand nombre de petites propriétés dépendantes du domaine, dont l’exploitation était très coûteuse, et qui, par leur nature, devaient être plus aisément mises en valeur par l’industrie particulière. Afin de rendre plus productive l’adjudication de ces biens, ont les déclara affranchis du principe de l’inaliénabilité ; et la vente, faite par des commissaires aux enchères publiques, eut lieu, au choix des acquéreurs, ou en censive, ou à perpétuité, à titre d’inféodation incommutable. Les intérêts des communes ne furent pas ménagés avec la même

  1. États au vrai manuscrits des années 1674, 1675, 1676, 1677 et 1679. — Édits et déclarations de 1672, 1673 et 1674.