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faire, sa passion pour la représentation, pour les grandes entreprises, pour tout genre de dépenses ? Voilà donc la carrière ouverte aux emprunts, par conséquent à des dépenses et à des impôts illimités ! Vous en répondez à la nation et à la postérité[1]. »


1674. — On créa donc des rentes qui furent divisées sur les aides, sur les gabelles, sur les postes, sur le domaine, sur les états de Languedoc. L'intérêt de l’argent, réduit pendant l’administration de Sully au denier seize, et sous le règne de Louis XIII au denier dix-huit, avait été borné, par les soins de Colbert, au denier vingt. Cette dernière fixation était observée dans les contrats entre particuliers : elle ne put servir de règle pour les emprunts publics ; et, nonobstant une déclaration qui rétablit le taux des intérêts pour les opérations faites par le trésor au denier dix-huit, des rentes furent constituées au denier seize, et même au denier quatorze ; mais elles ne purent être placées qu’à raison de soixante-quinze et soixante-dix pour cent. Cependant l'émission annuelle excéda rarement un million. Cette négociation, onéreuse eu égard à la situation des finances, résultait uniquement des prétentions des traitants, qui, réunissant dans leurs mains tous les capitaux, voulaient s’assurer sur les rentes des bénéfices au moins équivalents à ceux que procuraient les autres affaires extraordinaires. Colbert appela d’abords les capitaux étrangers dans les emprunts ; mais la guerre, qui séparait la France des autres états de l’Eu-

  1. Particularités sur les ministres des finances, par M. de Monthion.- Forbonnais. - Comptes de Mallet.