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ciation à vingt-trois pour cent. Le ministre, toutefois, préférait les emprunts de cette nature à la création des rentes perpétuelle : = non qu’il méconnût les avantages qu'un état peut retirer, dans une circonstance impérieuse, des constitutions de rentes, lorsque, par la confiance, la négociation en est assurée à un taux modéré; mais de puissants motifs l’éloignaient de ce mode d’emprunt. Frappé de l’opposition qu'avait éprouvée le remboursement des anciennes rentes sur les tailles, et toujours occupé, lors même qu’il empruntait, de l’extinction de la dette publique, il devait préférer les offices et les gages, dont la suppression avait lieu sans difficulté aussitôt que le trésor pouvait en rembourser la finance. Connaissant, d’ailleurs, les projets de guerre et de conquête présentés par Louvois, le goût de Louis XIV pour tous les genres de dépenses, et redoutant de familiariser le monarque avec un moyen trop facile de préparer de nouvelles charges pour les peuples en augmentant la dette perpétuelle, il manifesta un éloignement constant pour la création des rentes; sa résistance ne céda qu’à la volonté du roi; et Louis XIV lui-même ne se détermina qu'après avoir fait intervenir dans la discussion M. de Lamoignon, premier président du parlement. Ce magistrat, distingué par son mérite et par sa probité, mais déjà prévenu par Louvois en faveur des rentes, fut de l’avis des emprunts, et les fit prévaloir. En sortant de cette conférence, Colbert lui dit : « Vous triomphez; mais croyez-vous vous avoir fait l’action d’un homme de bien ? Croyez-vous que je ne susse pas comme vous qu’on pouvoit trouver de l’argent à emprunter ? mais counoissez-vous, comme moi, l’homme auquel nous avons af-