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des peuples. Les hommes libres ne durent concourir au service militaire qu’en proportion des biens-fonds qu'ils possédaient; mais celui qui n’obéissait pas au ban était puni par une amende appelée hériban, qui était de soixante sous. Si le comte ou le seigneur autorisait l’absence d'un ou de plusieurs hommes, il était tenu de payer lui-même autant de héribans qu’il avait congédié de soldats. D’après cette règle, les juges fiscaux ou les grands vassaux ne furent plus les maîtres de trafiquer du choix et de l’exemption des citoyens appelés à défendre l’état. Il fut permis encore aux hommes libres de se refuser aux sièges devoirs ou aux travaux serviles que voudraient exiger d’eux les comtes; on adoucit les rigueurs de la servitude en réduisant les corvées que les seigneurs demandaient aux hommes de leurs terres; on pourvut à l’avenir en ordonnant que, partout où existerait le loi, son autorité devrait l’emporter sur la puissance des coutumes, et qu’en aucun cas la coutume ne pourrait être préférée à la loi. S’il ne fut pas possible d’anéantir tous les péages, ni toutes ces espèces de taxes que la force avait établies et qui gênaient le commerce, on abolit du moins de ces exactions celles qui n’étaient pas fondées sur l’utilité du public. Les vivres, les denrées, qui n’étaient point destinés au commerce, les approvisionnements envoyés à l'armée, furent affranchis de tous droits dans leur déplacement, et les pèlerins qui se rendaient à Rome jouirent de la même exemption. Le perception des taxes maintenues imposa à ceux qui en recueillaient les produits l’obligation de réparer et d’entretenir les chemins et les ponts, et de veiller à la sûreté des routes.

Ces lois protectrices des peuples assuraient une plus