Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/479

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait établi son administration, le premier moyen qu’il adopta procura au trésor une branche de revenu nouvelle dans le produit de la taxe des lettres. Les postes, que Louis XI avait imaginées pour être plus tôt et plus sûrement instruit de tout ce qui se passait dans son royaume et dans les états voisins, étaient devenues par la suite un établissement utile à la société, et depuis long-temps il existait un service organisé pour le transport des correspondances publiques et particulières. Mais, par l’effet d’une mauvaise régie, les intendants, les receveurs et les commis s'enrichissaient par des exactions arbitraires, dont l’excès avait plusieurs fois excité les plaintes du commerce, et l’état ne retirait des postes de France que cent mille livres, qui faisaient partie du bail des aides. Louis XIV avait abandonné le produit des lettres de l’étranger à Louvois, à titre de gratification : il le lui retira. Colbert alors put donner aux postes une organisation complète; et, réunissant à cette exploitation celle des voitures publiques ou messageries qui appartenaient au roi, à des seigneurs ou à l’université, il en forma une ferme particulière, dont le premier bail eut lieu pour cinq ans, à raison de neuf cent mille livres par année. Depuis cette époque, le transport des lettres, si digne des soins du gouvernement comme objet d’une utilité générale, a été assujetti à une police régulière, et les élévations apportées successivement à la taxe des correspondances particulières en ont fait dans la suite l’objet d’un revenu important[1].

  1. Forbonnais. - Mémoires de Boulainvilliers, t. 2. Bail du 25 septembre 1663, art. 145; Règlement du 3 décembre 1673, et Tarif du 11 avril 1676.