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grands que la contrebande cause aux producteurs de bonne foi. Dans cette vue, les objets d’un petit volume; tels que les bas, les rubans et les autres étoles de soie qui venaient alors de l'Angleterre, les dentelles de la Flandre, de Venise, de Gênes, et le point anglais; durent être marqués, aux bureaux d’entrée, d’un plomb aux armes du roi, apposé sans frais par les commis du fermier; et celui-ci fût autorisé faire rechercher et saisir dans les magasins des marchands ces mêmes objets qui ne seraient pu revêtus de la marque. On soumit à une formalité semblable, sur le métier de nos tisserands, dans les villages de la frontière, la toile et les autres tissus, afin de prévenir l'introduction d’objets similaires fabriqués à l’étranger. Par ces moyens, les droits du trésor étaient garantis, les fabriques françaises recevaient une protection réelle, et le consommateur ne pouvait être trompé[1].

Le tarif tel que l'avait conçu Colbert, et les mesures qui excluaient les navires étrangers de nos colonies, nuisaient surtout à la navigation des Hollandais, en repoussant leurs importations. Ils tentèrent d’abord de faire modifier le tarif, en annonçant l’intention de porter des droits élevés sur les produits des fabriques et du sol de la France, notamment sur ses vins et ses eaux de«vie. En suite du refus qu’ils éprouvèrent, ils se déterminèrent, après plusieurs années, à défendre l'entrée dans leurs ports à ces mêmes productions, qui étaient pour eux l’objet d’un riche commerce d'échange avec les états du nord; mais des mesures plus hardies rendirent

  1. Tarif de 1664, et Bail du 22 octobre, art. 11, 15 et 16.