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gnaient les négociants étrangers; et les nationaux, sans vues, sans capitaux et sans émulation, voyaient passer aux ports voisins de l’étranger un commerce lucratif qu’ils ne savaient plus exploiter par eux-mêmes. Colbert entreprit de rouvrir à la navigation française la carrière du Levant. Les consulats cessèrent d’être une propriété; les consuls furent tenus de résider, et leur autorité fut renfermée dans de justes limites. Des privilèges et d’autres avantages offerts aux négociants étrangers en déterminèrent un grand nombre à venir s’établir à Marseille, qu’ils enrichirent de leurs capitaux et de leur activité. Le commerce se vit délivré des perceptions locales, à l’exception du droit de poids et casse, espèce de droit de pesage obligé, qui s’est maintenu jusqu’à nous au, profit d’une corporation de peseurs privilégiés, et d’une légère taxe dont le produit était destiné à l’entretien de jeunes Français élevés à Constantinople. Peu de temps après, accordant à Marseille l’avantage dont jouissaient déjà Dunkerque et Baïonne, le port de cette ville fut déclaré franc et libre à tous marchands et négociants, et pour toutes sortes de marchandises. Toutefois, afin de protéger le commerce français autant que pour intéresser Marseille aux armements pour les ports du Levant, toutes les marchandises qui n’arrivaient pas directement des Echelles, même par navire français, ou qui étaient apportées par des vaisseaux étrangers, devaient payer vingt pour cent de la valeur. Ces divers moyens remplirent l’attente du ministre qui les avait conçus : en peu de temps le pavillon français se multiplia dans tout le Levant; les manufactures du Midi, favorisées par ce nouveau débouché, acquirent un plus grand degré de prospérité, et des nations étrangères