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bâtiment était construit dans les ports français, et jusqu’à six livres s’il dépassait deux cents tonneaux. L’armateur de tout navire expédié pour la Baltique avait droit, par tonneau et pour chaque voyage, à quarante sous lorsqu’il faisait son retour dans un port de France avec un chargement de bois et de marchandises propres à la construction et à l’armement des vaisseaux. Ceux qui transportaient des passagers au Canada, à Terre-Neuve et dans les autres colonies françaises, recevaient cinq livres par homme et trois livres pour chaque femme. La navigation s’agrandit encore du côté de l’Amérique par l’impuissance où se trouva la compagnie des Indes-Orientales de soutenir son privilège exclusif. Le ministre observateur reconnut les inconvénients de ces compagnies marchandes, dont le moindre défaut est d’écarter la concurrence et l’émulation qui en résultent : en conséquence, le commerce d"Amérique fut permis à tous les Français. Des escadres créées dans nos ports escortaient et faisaient respecter les convois, tandis que des croisières écartaient les navires interlopes qui fréquentaient nos colonies, malgré le renouvellement des défenses portées contre eux.

Du côté du Levant le commerce sortit de l’état déplorable où l’avaient réduit les agents des consulats. Ces places, érigées, comme tous les emplois publics, en charges vénales et héréditaires, étaient abandonnées à des commis ou à des fermiers qui abusaient de leur position éloignée pour exercer des monopoles ou pour lever des taxes sur les marchands, qu’ils exposaient souvent à des avanies par leur mauvaise conduite. A Marseille, des droits de dix espèces différentes, indépendamment de ceux qui se payaient à la douane, éloi-