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sor, c’est-à-dire qu’on n’exerça aucune déduction ni pour droit de seigneuriage ni pour fabrication; de sorte que les propriétaires reçurent en poids et en titre une valeur égale à celle qu’ils avaient apportée. L'effet de cette libéralité fut d'attirer abondamment en France l'or et l’argent des pays voisins, et de multiplier les moyens d’échange. La mesure fut complétée par la liberté accordée aux négociants et banquiers de trafiquer des matières d’or et d’argent en barres, lingots ou monnaies étrangères, et de les transporter dans toutes les parties du royaume, ce qui jusque alors avait été interdit par les ordonnances[1].

Les obstacles qui s’opposaient à l'introduction de l’uniformité dans le régime des douanes n'arrêtèrent point l’exécution du plan que Colbert avait conçu pour affranchir le royaume des tributs qu’il payait à l’étranger. Depuis que les nouveaux règlements de douanes avaient ouvert aux Français la voie de la navigation, tous les soins du ministre tendaient à l'agrandir. « Dans l'intention d’effacer les restes d'une opinion universellement répandue que le commerce maritime est incompatible avec la noblesse, » à plusieurs époques le roi accorda aux gentilshommes et gens de robe la permission de prendre part à ce commerce, soit par eux-mêmes, soit comme intéressés. Pour diriger les entreprises vers les voyages de long cours, tout négociant qui achetait de l’étranger un vaisseau au-dessus de cent tonneaux recevait une prime de quatre livres par tonneau; la prime allait à cinq livres lorsque le

  1. Arrêts du conseil du 10 septembre 1663 et du 15 août 1670.- Traité des monnaies.— Forbonnais.