Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/467

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une espèce de droit; et Colbert éprouva tant de difficultés à renouveler le bail des monnaies à des conditions moins gênantes, qu’il adopta pour la fabrication des espèces une nouvelle forme d'administration qui participait de la régie et de l’entreprise. Chaque directeur acheta, fabriqua et vendit, avec les fonds et pour le compte de l’état, moyennant un prix fixe par marc qui fut alloué conformément aux règles établies, et sous la surveillance d’officiers nommés par le roi, et qu'un directeur général des monnaies chargé de rendre compte au conseil de la fabrication et des frais. Depuis ce changement un directeur des monnaies est tout à la fois régisseur ou chef d’une manufacture pour le compte de l'état, et entrepreneur des frais de fabrication. Cette forme d’administration est encore la même de nos jours; elle n'a subi de changement que dans les moyens de la surveillance, qui s’exerce maintenant d’une manière plus certaine dans les intérêts du public et dans ceux du trésor, par l’effet des immenses progrès de la chimie, de la gravure et de la mécanique, qui ont porté tous le détails de la fabrication des monnaies au plus haut degré de perfection[1].

A ces changements dans l’administration des monnaies, Colbert ajouta une opération qui est regardée, avec raison, comme la plus habile en ce genre. Il existait dans la circulation une assez, grande quantité de pistoles d’Espagne et d’écus légers : ces espèces furent décriées ainsi que toutes les monnaies étrangères. On ordonna de les porter aux monnaies, où elles furent converties en pièces d’or et d’argent, aux frais du tré-

  1. Traité des monnaies, par Abot de Bazinghen.- Forbonnais.