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poids des espèces et la valeur numéraire pour laquelle elles auraient cours; mais l’imperfection des procédés de fabrication ne permettant pas de l’établir à un titre et à un poids bien précis, l'on accordait des remèdes, c’est-à-dire qu’on permettait de fabriquer les espèces un peu au-dessous du titre et du poids annoncés. Des officiers veillaient, sous l’autorité d’une cour des monnaies, à ce que l’on n’abusât pas de ces termes de tolérance, que l’on nommait remède de loi pour ce qui concerne le titre ou degré de fin, et remède de poids pour ce qui a rapport à la pesanteur des espèces. Ces remèdes, pris en dedans de la valeur des monnaies, formaient un bénéfice qui était réservé d’ordinaire au roi, mais que les fermiers trouvaient le secret de s’approprier, sous différents prétextes. On prit alors le parti de comprendre ce bénéfice dans le prix de la ferme; mais il en résultait un autre inconvénient, parce que les entrepreneurs de la fabrication employaient en entier ou excédaient même le remède, et affaiblissaient ainsi les monnaies. Le bail général, qui existait lorsque Colbert fut appelé au ministère, avait été passé moyennant cent mille livres : par ce traité, le roi s’engageait à n’accorder aucune permission pour la sortie des ouvrages en matière d’or et d’argent et à ne donner cours en aucune façon aux espèces étrangères, avec défense aux affineurs d’en fondre sans la permission du fermier; et celui-ci avait le privilège de prendre par préférence, au prix du tarif, toutes les matières qu’il jugerait à propos. Ces clauses étaient incompatibles avec les vues que le ministre avait pour l’extension du commerce et pour l’établissement des fabriques en dorure et en bijouterie. Mais l’ancienneté de leur usage en avait fait