Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/464

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps l’entrepôt du commerce de l’Europe. Mais cette vaste et belle conception, et celle du transit qui vivifie les voies intérieures d’un royaume comme les entrepôts animent ses ports, ne devaient survivre que peu d'années à leur auteur, et cela parce que les fermiers qui exploitaient les douanes, plus ignorants encore que cupides, ne trouvaient pas de profit à laisser ouvertes ces sources de prospérité publique[1].

A la nouvelle et grande direction qu’il donnait au système des douanes, aux avantages précieux pour le commerce d’une perception simplifiée partout où elle avait pu l’être, Colbert ajoutait un autre bienfait en rappelant ou en établissant les obligations respectives des négociants et des fermiers. Pénétrant, comme il avait fait pour les tailles et pour les aides, dans les détails d’exécution, il fit établir le régime des entrepôts de manière à garantir les fermiers des pertes, tout en assurant aux négociants la conservation des marchandises; il régla les formalités à observer pour le transit et les peines encourues en cas de fraude, et fixa légalement le prix des acquits de paiement, des acquits-à-caution et des décharges d’acquits-à-caution. Il fut défendu expressément « de lever aucune chose sur les passavants et congés, ni pour le vu et contrôle des acquits de paiement présentés par les marchands et voituriers passant debout par les bureaux, » ce que les fermiers ou leurs commis faisaient précédemment.

On a lieu d’être surpris que l’idée de faire régir et

  1. Edit de septembre 1664.— Arrêts du conseil du 5 août 1669 et du 5 avril 1670.— Déclaration du 10 février 1670. - Forbonnais.