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trouvaient grevées de plusieurs perceptions qui en élevaient le prix.

Ces obstacles cédèrent pourtant aux mesures nouvelles adoptées par Colbert. Les productions du sol et de l’industrie du royaume, lorsqu’elles étaient destinées pour l’étranger, jouirent du transit à travers les provinces en franchise de tous droits d’entrée, de sortie, et de péages, passages et autres redevances prétendues par les villes, communautés, seigneurs ou particuliers, et de la faculté d’entrepôt dans onze villes et ports, où des magasins furent établis à cet effet. Les mêmes facilités, appliquées au transit de l’étranger, et quelques encouragements accordés dans l’origine à des entrepreneurs, procurèrent au commerce français le transport des marchandises de la Flandre et des Pays-Bas, qui, précédemment, s’embarquaient à Ostende ou allaient par terre jusqu’en Italie sans traverser le royaume, et celui des vins et des denrées que l’Espagne fournissait à la Flandre. Quelque temps après, les négociants français et étrangers obtinrent la liberté de réexporter, pendant la durée d’un bail des fermes et un an plus tard, sans payer les droits de sortie et avec restitution des droits d’entrée, les marchandises importées dans les ports, lors même qu’elles n’auraient pas été déclarées pour l’entrepôt. En annonçant cette mesure, le roi invitait « les négociants de toutes les nations à se servir de ses ports comme d’une étape générale pour y tenir toutes sortes de marchandises, soit pour les vendre à ses sujets, soit pour les transporter hors du royaume. » Si l'on ne s’était pas départi de ces grands principes, après la mort de Colbert, dit M. de Forbonnais, la France serait depuis long-