Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/460

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chaque port et ville de commerce, les négociants assemblés choisiraient les deux plus éclairés d’entre eux, et les désigneraient à Colbert. Sur le nombre des élus, trois furent appelés auprès du ministre. Ils examinèrent avec lui les réclamations, les plaintes et les propositions; les projets qui sortaient de ces conférences étaient soumis ensuite à la discussion dans une assemblée nouvellement instituée sous le nom de conseil du commerce, et que Louis XIV présidait. Les combinaisons du tarif qui résulta de cet important travail furent dirigées d’après les principes dont Colbert entretenait le monarque :

«Réduire les droits à la sortie sur les denrées et sur les manufactures du royaume;

« Diminuer aux entrées les droits sur tout ce qui sert aux fabriques;

Repousser, par l’élévation des droits, les produits des manufactures étrangères[1]. »

Ces principes, adoptés depuis par tous les gouvernements éclairés, et modifiés seulement en raison des circonstances, ne purent recevoir une entière application, dans un premier tarif qui parut en 1664[2]. A l’époque de sa publication l’état de la marine et de l’industrie ne permettait pas de repousser un grand nombre d’objets qui étaient indispensables à la France, et que les étrangers, surtout les Hollandais, étaient en possession de lui fournir. Ce premier tarif n’eut donc et ne dut avoir pour objet que de faciliter l’exportation de nos den-

  1. Mémoire de Colbert au roi, publié par Forbonnais.
  2. Tarif et Edit du mois de septembre 1664.