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du sol sur les limites de chaque province. Le ministre fit reconnaître au roi que « tant de levées et d’impositions étoient capables de dégoûter ses sujets de la continuation du commerce. » Telle était en effet la variété des droits, « qu’il étoit difficile d’observer les différences, ni de négocier, soit dans le pays ou dehors, qu’avec beaucoup de peine et de danger d’être surpris..., vu qu’il étoit presque impossible qu’un si grand nombre d’impositions ne causât beaucoup de désordres, et que les marchands pussent en avoir assez de connaissance pour en démêler la confusion, et beaucoup moins leurs facteurs, correspondants ou voituriers, qui étoient toujours obligés de s’en remettre à la bonne foi des commis, qui était souvent fort suspecte. » Pour parvenir au rétablissement de la navigation et du commerce, il était donc nécessaire, avant tout, de faire une révision des taxes, afin de réduire les fixations trop fortes, et d’élever les droits trop faibles; il fallait enfin former un nouveau tarir de douanes, « l’un des plus savants ouvrages que le législateur puisse entreprendre, et, dans lequel la plus légère erreur peut coûter des millions[1]. »

Colbert était trop habile pour ne pas reconnaître qu’il manquait à ses vues le secours de la pratique, et d’un esprit trop supérieur pour craindre de réclamer hautement les conseils que des négociants expérimentés pouvaient seuls lui offrir. Le roi ordonna que, dans

  1. Déclaration de janvier 1663.- Edit d’avril 1664. - Préambule de l’Edit de septembre suivant.- Forbonnais.- Déclaration de janvier 1665.