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Depuis plus de quinze ans, l'état ou ses aliénataires recevaient, avec les aides, le produit des octrois dont l’italien Emery avait dépouillé les villes. Privées par cette violence d’une forte partie de leurs revenus, les communes avaient été réduites soit à vendre ou à engager leurs biens patrimoniaux, soit à ouvrir des emprunts onéreux, soit à établir des impositions extraordinaires. Dans ce dernier cas, des exceptions, établies par les principaux habitants, avaient rejeté le fardeau sur les autres classes, et dans certains lieux le produit des contributions avait été détourné. Colbert ne répara qu’en partie l'injustice commise avant son ministère. Commandé par la nécessité de maintenir les revenus de l’état, au courant des dépenses, il ne restitua aux communes que la moitié du produit des octrois pour subvenir à l’acquittement de leurs charges; l’autre moitié fut réservée au roi à perpétuité. Mais en même temps les communes étaient autorisées à se remettre en possession dans le délai d’un mois, et sans formalités judiciaires, de tous les biens-fonds et des usages dont les seigneurs et les officiers royaux les avaient dépouillées depuis l’année 1620, à la charge seulement de rembourser, en dix années, le prix des aliénations réelles, d’après la liquidation qui devait être établie par les intendants. Afin de prévenir le retour de semblables désordres, Colbert soumit les deniers communaux aux mêmes règles qu’il avait établies pour les finances, en prescrivant la formation d’états annuels de recette et de dépense pour les communes, et en rétablissant l’usage de comptes, que jugeait la chambre des comptes. Il.faisait supprimer tous les officiers qui, sous le titre de contrôleurs, de receveurs et autres, avaient