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courant, s’élevait à quatre cent vingt millions. Persuadé que le bien de l’état doit toujours l’emporter sur l’avantage de quelques particuliers, Colbert fit réduire d’un quart les gages de tous les titulaires d’offices Conservés[1].

La diminution du nombre d’offices, la révocation des exemptions d’impôt pour plusieurs des offices maintenus ; une recherche scrupuleuse des usurpateurs de la noblesse, qui procura plus de deux millions d’amendes ; la révocation des anoblissements vendus à vil prix depuis trente années ; la fixation du nombre de charrues que les ecclésiastiques, les gentilshommes et les autres privilégiés maintenus pourraient faire valoir par eux-mêmes ; enfin la persévérante fermeté avec laquelle le ministre poursuivit les immunités qui ne reposaient sur aucun titre, rendirent à la condition d’imposables beaucoup de terres et une foule de personnes qui, depuis long-temps, ne contribuaient plus à la taille ni à l’impôt des gabelles[2].

La taille dans les pays d’élection avait été portée avant Colbert à plus de cinquante-trois millions ; il ramena d’abord cet impôt à quarante deux, et successivement à trente-trois millions. À ce dernier taux le roi en retirait plus que du temps de Mazarin. Le ministre projetait de réduire les tailles à vingt-cinq millions. Mais le poids de cet impôt, doublement affaibli et par sa diminution et par une répartition plus étendue, devint moins

  1. Plusieurs édits du roi, et arrêts du conseil des années 1661 à 1669.- Forbonnais.
  2. Plusieurs édits, déclarations, arrêts et règlements, des années 1661 à 1673.