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nouvel ordre de choses ; et l’aisance rétablie dans le trésor procure, sans effusion de sang, l’agrandissement du royaume, par le rachat de Mardick et de Dunkerque, que Louis XIV paya cinq millions à Charles II. Aussitôt trente mille hommes furent employés à creuser un bassin et à fortifier la ville du côté de la terre et de la mer ; et le roi conserva au port de Dunkerque la franchise entière dont il avait joui sous la possession des Anglais. Le duché de Nemours et le comté de Gisors, Rochefort et d’autres terres considérables, également acquises à prix d’argent, agrandirent encore le domaine de la couronne[1].

En même temps qu’il posait les bases d’une bonne administration sur des mesures d’ordre, Colbert travaillait au rétablissement du revenu public, et au soulagement du peuple. Il s’attacha surtout à supprimer les charges et les offices surabondants, qui tous procuraient l’immunité de le taille et de la gabelle. Cette réforme ne pouvait s’effectuer que successivement : elle commença par les triennaux et les quadriennaux ; toutefois, les titulaires conservèrent la jouissance des gages et droits pécuniaires affectés à leur emploi, jusqu’au remboursement de la finance. Il coûta peu au trésor, parce qu’il fut réglé sur le taux de l’achat. On peut juger de l’utilité de cette opération, puisque, après la première réduction, il restait encore dans le royaume quarante-six mille offices jouissant tous de prérogatives honorifiques, de taxations, et coûtant en outre huit millions trois cent cinquante mille livres à titre de gages ou d’intérêt de la finance, dont le capital, au prix

  1. État au vrai manuscrit de 1662.