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que. Une déclaration, conforme aux vœux plusieurs fois exprimés dans les états-généraux et par le parlement, rendit les acquits de comptant à leur destination première, en ordonnant qu’ils ne serviraient à l’avenir que pour les affaires secrètes et importantes de l’état. Cette mesure mit fin à une foule de dons cachés dont avaient profité les gens en crédit. Mais, toujours dans la vue de détruire jusqu’à la trace des dépenses secrètes du gouvernement, et d'en ôter la connaissance à la chambre des comptes, il fut réglé, conformément à l’usage qui avait été établi par Mazarin, que les ordonnances de comptant seraient brûlées tous les ans en présence du roi, et remplacées, pour le garde du trésor, par un état de certification, ordonnancé pour la totalité des paiements. Ce mode de justification éludait encore la juridiction des magistrats appelés, depuis l’origine de la monarchie, à connaître de l’emploi des revenus publics, et laissait aux ministres une immense et dangereuse faculté. Elle fut sans inconvénient tant que Colbert présida à l’administration des finances; et lorsque, la munificence ou les affections du monarque occasionaient des dépenses que n'exigeaient ni la dignité de la couronne ni la sûreté de l’état, du moins figuraient-elles au nombre des acquit-patents. Mais après Colbert, et sous les successeurs de Louis XIV, l'abus des acquits de comptant fut porté à un excès ruineux[1].


1662. - L’état recueillit promptement les fruits du

  1. Remontrances inédites de la chambre des comptes, et États au vrai manuscrits.