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dans de courtes observations, il appelait l'attention du monarque sur certaines impositions ou sur quelques dépenses qui pouvaient être modifiées, augmentés ou réduites. Un journal et un grand-livre, tenus sous ses yeux, constataient premièrement le montant des soumissions et des baux souscrits par les régisseurs et par les fermiers des impôts, ainsi que les charges assignées sur les produits et le net à rendre à l'épargne; on y portait ensuite, d’après des bordereaux détaillée que remettait, toutes les semaines, le garde du trésor, la somme versée par chacun des comptables. Les mêmes registres indiquaient encore le montant, par chapitre, des ordonnances délivrées par chaque ministre pour le paiement des dépenses de son département, et dont l’expédition se faisait en conseil des finances, sur la signature du roi et d’après le visa et les états de distribution du contrôleur général. Tous les mois, le roi arrêtait la situation des recettes opérées et des dépenses ordonnancées; mais, en fin d’année, le garde du trésor royal remettait au ministre les acquits de paiement. Par cette méthode, et au moyen de la prompte réalisation des revenus recouvrés, la formation de l’état au vrai, ou compte général des recettes et des dépenses, suivait de près l’expiration de l’exercice, dont il devait présenter les opérations. Alors Colbert était promptement instruit de la situation des finances; et, par les rapprochements qu’il faisait des résultats de chaque année, il se rendait compte des causes qui influaient sur l’augmentation ou la diminution que pouvait présenter soit une branche du revenu, soit un article de dépense. Ces observations de l’homme habile