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la production des comptes d’exercice, ils se procuraient ainsi la jouissance de reliquats considérables; à la faveur du voile qu’émouvrait leur gestion, et alléguant la difficulté des rentrées, ils n’acquittaient les assignations délivrées sur leur caisse que lorsque le besoin arrachait un escompte aux porteurs. Enfin ils avaient obtenu que leurs remises, leurs taxations sur les tailles, fussent élevées à cinq sous pour livre. A ce relâchement et aux déprédations qu’il facilitait se joignait une autre cause de désordre. Les comptables, qui tous, depuis le premier jusqu’au plus mince emploi, étaient en possession d’orifices achetés ou héréditaires, se regardaient nomme indépendants, et ceux qui occupaient les places subordonnées n’obéissaient, pas, ou ne se prêtaient que difficilement aux ordres qu'ils recevaient de leurs supérieurs. En peu de temps, Colbert ramena la subordination parmi les employés; il rétablit l’ordre dans les acomptes, assura la fidélité et l’exactitude de la perception, et en réduisit les frais excessifs. En révoquant l’hérédité et la survivance de tous les offices de finance, qui devenaient ainsi casuels, il en préparait l'extinction. Il exigea des titulaires qu’ils fournissent un cautionnement; et, plus tard, un édit fit revivre les sages dispositions des anciennes lois qui assuraient au souverain un privilège illimité sur les biens meubles et immeubles des comptables. On les assujettit à tenir un journal détaillé de leurs opérations, et d’en présenter les comptes dans l’année qui suivrait l’exercice. La chambre des comptes eut ordre de ne passer en dépenses les remises pour intérêt d’avances, pour frais de recouvrement et de transport des espèces, qu’à raison de neuf deniers pour livre, dont cinq aux