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décisions et de fixité dans sa marche. Le ministre sentit qu’en matière de finances surtout, si l’exécution est divisible, l’administration doit être une, et qu’il ne faut qu’une tête pour ordonner ce que les membres sont chargés d’exécuter ; que tout enfin doit émaner d’un centre commun, et être conduit par le même esprit. Il fit en conséquence prononcer la suppression de ces nombreux administrateurs des finances ; mais, afin que tous les projets, que toutes les questions intéressantes concernant les revenus ou les dépenses de l’état fussent examinés et discutés avec maturité, un conseil royal des finances fut établi, tel que l’avait institué un règlement donné en 1582 par Henri III, qui n’avait eu ni le temps ni la force de le faire exécuter, ou tel encore que l’avait créé Philippe-le-Long, au commencement du XIVe siècle. Fort de l’appui de ce conseil, que la supériorité de ses vues devait guider dans la voie de l’utilité publique, Colbert se voua entièrement au service du roi et de l’état[1].

Si l’on excepte le trop court ministère de Sully, l’administration des finances, qui consiste dans la science de distribuer les tributs de la manière la moins onéreuse pour les peuples, et d’en recueillir avec économie les produits pour les appliquer aux besoins de l’état, était encore dans le chaos. La hommes qui avaient présidé à cette partie essentielle du gouvernement, dépourvus de probité pour la plupart, étrangers à tous principes d’équité, d’ordre et d’économie politique, ne connaissaient d’autres règles que les routines établies.

  1. Déclaration du 15 septembre 1661, et préambule de l’Edit de flîdit de novembre suivant. — Forbonnais, année 1661.