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volontaires. Ensuite, pour stimuler la charité, les pères de l’Église exhortèrent les fidèles à donner la dime, citant comme exemple, et non comme précepte, celle que les Juifs donnaient aux lévites, qui, étant consacrés à Dieu, n’avaient point été admis au partage de la terre promise. Ces exhortations n’eurent d’abord que peu de succès, et le sort des prêtres fut mal assuré. dans les GauIes jusqu’à la conversion de Clovis. A partir de cette époque, par l’effet de la munificence, de la politique ou de la piété de ce roi et de ses successeurs, les évêchés, les églises et les abbayes avaient été richement dotés en domaines, qu'augmentaient encore les donations des fidèles. Mais on a vu les fils même de Clovis assujettir à une forte redevance ces bénéfices ecclésiastiques. Charles Martel, duc des Francs et maire du palais sous Thierry II, soumit à des impositions les biens de l’Eglise; mais il n’imita pas envers elle la générosité des rois. Chef unique du gouvernement dans le royaume, lorsqu’il eut vaincu le maire Rainfroy, et voulant compléter la révolution qui devait assurer la couronne à ses descendants, ce conquérant paraît avoir eu pour but constant de fonder son autorité sur l’affection de ses guerriers et sur l’affaiblissement de l’influence épiscopale. Il écarta d’abord les évêques qui n’avaient pas embrassé sa cause contre son compétiteur, conférant leurs dignités à des Francs laïcs, et disposant des biens de l’épiscopat en faveur de ses guerriers. vainqueur ensuite des Saxons, des Bavarois et des Suèves, ce prince eut à réunir l'élite des Francs contre les Sarrasins, qui, déjà maîtres des provinces méridionales, menaçaient de subjuguer le royaume. Après sa victoire sur leur général Abdérame, qu’il défit entre Tours et