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sés à prêter. Dans cette situation inquiétante, Mazarin eut recours au crédit de Fouquet, déjà surintendant, et qui, possesseur d'une grande fortune acquise dans les spéculations honorables d’un commerce étendu, était plus qu'un autre en position d’inspirer aux traitants la confiance qu’il importait surtout de rétablir. Car tels étaient les résultats de la mauvaise administration du cardinal, qu’il fallait à tous prix obtenir le secours ruineux des gens de finances, puisque c'était le seul moyen de soutenir les glorieux succès des armées. Les secours s’achetèrent en effet par des bénéfices énormes pour les traitants. Neuf millions de rentes au denier dix-huit, émises en cinq années, et une autre création par taxe, qui, était indéfinie, ne purent se négocier qu’à cinquante pour cent. Les débets des trésoriers, des receveurs et des fermiers, au lieu de rentrer au trésor, devinrent la proie des spéculateurs. A l’aide de ces moyens et des aliénations de droits, que remplaçaient aussitôt des droits semblables. la France, épuisée, arriva enfin au moment où, après la victoire des Dunes (1658) et la prise de Dunkerque par Turenne, le traité des Pyrénées (1659) termina la guerre avec l’Espagne. Il rendit au royaume le Roussillon et la Cerdagne, une grande partiel du Hainaut, de l’Artois, de la, Flandre, à l’exception de Dunkerque, et les places de Thionville et de Montmédy dans le duché de Luxembourg.

Le commerce maritime, source de la fortune de Fouquet, et la navigation intérieure, furent l’objet de quelques mesures protectrices obtenues par le surintendant. Faisant revivre les règlements publiés par Henri IV, il rétablit le droit de fret, fixé à cinquante sous par tonneau et par voyage sur les navires étrangers.