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lieu pour l’échange, on paierait au roi la différence existante entre le droit d’échange et le droit de vente.

Ces différents édits avaient été enregistrés dans un lit de justice tenu par le roi. On comptait sur leur exécution, lorsque les magistrats, alléguant que la présence du monarque avait gêné les suffrages, se réunissent dans l’intention de mette en discussion les objets enregistrés. Instruit de cette démarche, le roi part aussitôt de Vincennes, en habit de chasse ; suivi de toute sa cour il entre au parlement en grosses bottes, le fouet à la main, et adresse ces paroles aux conseillers : « Chacun sait les malheurs qu’ont produits vos assemblées ; j’ordonne qu’on cesse celles qui sont commencées sur mes édits. Monsieur le premier président, je vous défends de souffrir des assemblées, et à pas un de vous de les demander. » Les membres de l’assemblée, surpris et comme subjugués dans le moment par le ton d’assurance et la majesté du jeune roi, parlaient dès le lendemain de se réunir de nouveau. Mazarin, toujours négociateur, assoupit l’affaire ; et quelques sacrifices faits à l’amour-propre des magistrats achevèrent de les réduire au silence[1].


1655.— De toutes les ressources cependant que promettaient les édits, il n’y eut de réelles que celles que donnèrent les nouveaux droits établis. Cette fois, l’expérience du peu de fidélité du cardinal rendit inutiles les créations de charges et d’offices. Vainement le ministre flattait ou menaçait les financiers : plus la détresse était manifeste, moins ils se montraient dispo-

  1. Siècle de Louis XIV. — Anquetil.