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cette cour jusqu'au droit de remontrance en matière d’impôt. ce droit, Richelieu lui-même l'avait seulement restreint; mais le parlement méritait de le perdre, parce qu’il en avait abusé. La publication des édits fut aussitôt suivie du rétablissement des offices quadriennaux dont on n’avait pu traiter pendant les troubles. Par des taxes fixées arbitrairement en conseil, on fit racheter aux traitants et aux manutenteurs ou comptables de matières ou de deniers la suppression de la chambre de justice; ce moyen expéditif, se répétant d’année en année, devint pour les concussions des financiers un brevet d'impunité dont les contribuables faisaient les frais. Enfin, une déclaration cassa et fit supprimer des registres un arrêt par lequel la chambre des comptes avait fixé à trois millions le maximum des acquits de comptant. Le même acte prononça que les dépenses ordonnancées sous cette forme seraient-désormais employées par certification dans les comptes du trésorier de l'épargne, et allouées purement et simplement par la cour. Ces mesures assuraient le triomphe de Mazarin sur les parlements : il fut rappelé. Ceux qui l’avaient persécuté exaltèrent sa constance et l’habileté qu’il avait déployée dans les négociations : « la nation, passant subitement d'une haine aveugle à une adulation honteuse, mérita d’en être méprisée ; » et le cardinal, possédant auprès du jeune roi la faveur dont il avait joui pendant la régence, s’occupa du soin de sa fortune, et « gouverna la France comme un vainqueur absolu gouverne un pays conquis[1]. »

  1. Deux édits de décembre et déclaration du 17 décembre 1652. Anquetil, Hist. de France. - Déclarations de septembre 1658, du z8, octobre suiv. et du 23 octobre 1659.- Forbonnais, année 1653.