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ses protecteurs contre l’oppression. Un arrêt d’union avait resserré les nœuds qui existaient entre le parlement de Paris et ceux d’Aix et de Bordeaux.

Profitant du mécontentement général qu’inspirait cette administration violente, les hommes influents qui ambitionnaient de remplacer Mazarin s’unirent au parlement de Paris. Séduit par le titre de protecteur né du peuple, que ses flatteurs intéressés lui décernaient. ce corps recommença ses assemblées, blâma dans ses remontrances les opérations du ministre, demanda son éloignement, puis alla jusqu’à mettre sa tête à prix. Usurpant enfin l’autorité législative, oubliant tous ses devoirs envers la couronne et perdant toute mesure, dans le moment même où il venait de s’élever contre l’abus pouvoir royal, le parlement frappait des impositions, excitait à la révolte, nommait des commandants d’armées, les autorisait à lever des troupes, à prendre du canon dans les villes, à disposer des deniers publics dans les caisses des receveurs, et promettait aux comptables d’allouer en dépenses les quittances que leur remettraient les généraux de la fronde. A cette occasion le parlement écrivait dans les provinces : « Il y va de la manutention de la vraie autorité royale dans la conservation des compagnies souveraines, qui en sont les dépositaires. » Ces entreprises séditieuses avaient pour but, de la part de ceux qui les dirigeaient, d’amener la régente à changer le ministre tout-puissant : elles n’obtinrent qu’un éloignement, pendant lequel le cardinal ne cessa de gouverner la France; mais elles eurent pour résultat de rendre l’argent plus rare et plus cher en inquiétant les capitalistes, d’entraver le recouvrement des impôts et d’en affaiblir