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tances non recouvrés sur les deux années écoulées, avec le dégrèvement prochain de douze millions sur ces mêmes impôts, la suppression des maîtres des requêtes nouvellement créés, l’augmentation des fonds pour le paiement des rentes, et promettaient qu’aucune imposition ne serait faite désormais qu’en vertu d’édits bien et dûment enregistrés. Mais les déclarations gardaient le silence sur la liberté des suffrages; et la dernière se terminait par une défense aux chambres de s’assembler sans la permission du roi, et par l’ordre de reprendre le cours ordinaire de la justice[1].

Privés de la garantie qu’ils se promettaient par la reconnaissance de la liberté des suffrages dans les délibérations en matière d’impôts, les magistrats ne se crurent pas satisfaits; et, sans égard pour la défense prononcée, ils continuaient leurs assemblées, lorsque plusieurs membres du parlement furent enlevés par les ordres de la régence. Sur ces entrefaites, Mazarin faisait ordonner une imposition de quatorze cent mille livres par simple arrêt du conseil[2] et sans enregistrement. Cette addition aux tailles, que l’on avait promis de réduire, prit le nom de fonds des étapes, en raison de l'affectation qui lui était assignée. Une nouvelle lutte s'engagea; mais l’opiniâtreté des magistrats, secondée par les mouvements qui commençaient à se manifester parmi le peuple de la capitale, fit fléchir le premier ministre. D’Emery fut sacrifié à la vengeance publique; et cet étranger, coupable de péculat, alla jouir

  1. Deux déclarations du 13 et une autre du 30 juillet 1648.- Arrêt de la chambre des comptes du 16 du même mois.
  2. Arrêt du conseil du 28 septembre 1648.