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roi Charibert et lui engagea sa foi. De son côté, le prince jura de ne mettre aucune taxe sur les habitants, et de les laisser tels qu’ils étaient sous son père, protestant que jamais Tourangeau ne serait compris pris dans la contribution publique. Sigebert, qui, après, règne sur cette ville, et Childebert, qui est dans la quatorzième année de son règne, n’ont rien exigé de ce peuple. Voyez à présent si vous avez le pouvoir de faire plus qu’eux ; mais, en allant contre votre serment, craignez de vous faire tort à vous-même[1]. »

Les commissaires insistant par faire exécuter le rôle d’imposition qu’ils avaient entre les mains, l’évêque envoya vers le roi lui demander sa volonté. Sur-le-champ des lettres furent expédiées en faveur des habitants de Tours, portant la défense expresse de ne plus lui demander de subsides, par respect pour saint Martin.

Dans les autres diocèses, l’impôt établi per Clotaire continua d’être levé par des officiers appelés préposés royaux (actores regii) qui commirent beaucoup d’exactions. Ce ne fut que quarante années après que Childebert, qui avait confirmé les franchises de la ville de Tours, fit remise de tout tribut aux églises, aux monastères, et aux élèves attachés à ces églises. Mais bientôt les prétentions du fisc se renouvelèrent, et, à la fin du Vle siècle, on voit Grégoire-le-Grand se plaindre aux rois Thiery II et Théodobert II de ce que les biens des églises payaient un tribut. Plusieurs lettres de ce

  1. Grégoire de Tours, trad. de Sauv., t. 1, ch. 12, et t.3, liv. 9, ch. ch. 21.