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avait doté la couronne, en étouffant dans le sang les dernières résistances de la féodalité. Les membres éclairés du parlement ne pouvaient ignorer que cette compagnie n’avait été dans l’origine qu’une cour de judicature; que, si l’oubli des états-généraux avait mis les magistrats en possession de vérifier par un enregistrement les décisions de l’autorité royale, rien, dans les systèmes de gouvernement qui s'étaient succédé en France, ne les avait autorisés à participer à la puissance législative; enfin que, dans les premiers temps de la monarchie, comme dans le cours du quatorzième siècle, cette puissance avait été partagée entre la couronne et les représentants des différentes classes de contribuables. Les parlements, toutefois, aimaient se considérer comme les dépositaires du pouvoir politique de ces assemblées solennelles; c’est à ce titre qu’ils se présentaient pour remplir une lacune que les abus en matière d'impôts signalaient dans la forme du gouvernement. Mais, de même que les assemblées délibérantes qui avaient agi isolément ou sous l’influence des partis, et sans concert avec le pouvoir légitime, l’assemblée des cours souveraines devait échouer dans son entreprise. Tour à tour flatté ou menacé par le cardinal, excité par les ambitieux qui voulaient arriver au ministère, entraîné même jusqu'à opposer aux forces militaires une partie de la noblesse et de la bourgeoisie armée, le parlement dépassa le but; et la guerre de la fronde, née de son opposition inconsidérée, prépara l’accroissement du pouvoir absolu, que la compagnie s'était proposé de tempérer.

Dans le cours de leurs délibérations, les magistrats arrêtèrent la révocation des commissaires-départis ou