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que les dégradations des finances, le mauvais ménage de l’administration, et les dilapidations des courtisans, menaçaient de péril[1]. »

Dans un temps de calme et de paix extérieure, si les magistrats auxquels avait été confiée par nos rois la conservation du domaine s’étaient rendus les interprètes de la misère des contribuables opprimés par la violence de l’exaction; s'ils eussent signalé, dans des remontrances respectueuses, les vices de l’administration, la mauvaise nature des impôts, l’inutilité des emplois que la vénalité avait multipliés à l’infini; s’ils eussent encore indiqué, dans des projets réfléchis, les moyens de subvenir aux besoins de l’état d’une manière plus douce pour les sujets, leur zèle alors eût mérité les égards de la couronne et le respect de la nation. Mais lorsque le gouvernement, entraîné par une longue suite d’erreurs à des moyens violents, cherchait à rassembler de toutes parts les ressources qui devaient procurer une paix glorieuse et si désirable, les magistrats, qui choisissaient ce moment pour attaquer indistinctement toutes les mesures et pour s’ériger en réformateurs de l’état, n'étaient plus que des conseillers dangereux. Leur résistance, dictée par une ambition secrète, et par l’égoïsme, qui rétrécit les vues d’administration, devait porter le trouble dans le royaume, et devenir fatale à ceux-là mêmes dont le parlement prétendait être le protecteur.

L'intention avouée et bien réelle de la magistrature était de restreindre le pouvoir absolu dont Richelieu

  1. Forbonnais, année 1648. - Anquetil. - Hist. de la Fronde, par M. le comte de Saint-Aulaire.