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plus riches, elle ôtait à l’impôt son plus grand avantage, et au gouvernement le secours qu’il en attendait[1].

Tandis que la capitale et ses principaux habitants se trouvaient exemptes de l’obligation de contribuer aux charges publiques dans la proportion des dépenses, les tailles et les autres impôts engagés aux traitants étaient exigés dans les provinces avec une rigueur révoltante. Les bestiaux, les instruments du laboureur, n'étaient plus protégés par les exceptions portées dans les édits paternels de Henri IV. Des compagnies de fusiliers, auxiliaires des collecteurs, parcouraient les campagnes, commettant des vexations et des actes de cruauté. On compta à la fois, dans le royaume, vingt-trois mille prisonniers pour les tailles, dont cinq mille périrent de misère. Les peuples, réduits au désespoir par ces violences, cherchaient par tous les moyens à se soustraire au paiement des tributs; et tant d’exactions, qui n’enrichissaient que leurs auteurs, ne pouvaient suffire aux dépenses des armées, aux plaisirs d’une cour fastueuse, et aux pensions qui servaient encore une fois à acheter la docilité des grands.


1647.— A la suite d’autres inventions, qui ne différaient entre elles que par la forme et par le nom, d’Emery jeta les yeux sur les revenus que les communes se procuraient au moyen des taxes locales qu’elles avaient établies de l'octroi des rois. Une déclaration ordonna que le produit de ces octrois, et des dons, concessions ou autres deniers, qui étaient levés sur les ha-

  1. Edit du décembre 1646. - Forbonnais, année 1646.