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Tant d’expédients, qui reproduisaient en un seul jour toutes les inventions de la fiscalité, eussent produit des ressources immenses sous une bonne administration; mais tel était l’effet du désordre et du discrédit, qu’un million réalisé au trésor en procurait quatre ou cinq aux partisans, italiens pour la plupart qui partageaient avec d’Émery les bénéfices qu’il leur ménageait. Entre-autres. aliénations frauduleuses, il accorda pour dix ans moyennant un million, la jouissance des impôts et billots de la Bretagne, qui rendaient annuellement cinq cent mille livres. Ce surintendant faisait racheter publiquement, pour lui et pour ses créatures, des rentes à quarante ou cinquante pour cent, qu’il se faisait rembourser par le trésor à soixante-dix[1].


1646.- Chaque année ramenait de nouveaux besoins et commandait de nouvelles ressources. Un supplément de deux sous pour livre aux droits d’aides fut presque aussitôt converti en un droit de dix sous par muid de vin. On révoqua tous les privilèges de franc-salé, et le prix du sel fut augmenté de quarante sous par minot. Ces moyens, moins violents que la plupart de ceux qui avaient précédé, étaient moins éloignés du principe d’une bonne répartition, en ce qu’ils participaient des impositions générales. Mais en même temps on retranchait, pour la durée de la guerre, le tiers des gages aux cours supérieures, et la moitié aux autres offices. Cette dernière mesure, celle qui supprimait les immunités de gabelle, atteignait les magistrats et tous ceux qui, au milieu des malheurs

  1. Forbonnais, année 1645.