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toujours. Dans l’opposition des parlements, dans leurs remontrances énergiques, fondées à beaucoup d’égards, mais souvent intempestives, le premier ministre ne vit qu’un obstacle qui le privait des secours ruineux des traitants, et qu’il lui serait facile de briser. Dans cette vue, il détermina Anne d'Autriche à déployer l’appareil d'un lit de justice. Louis XIV, à peine âgé de sept ans, fut conduit au parlement environné de tout l'éclat de la puissance; et le chancelier expliqua la volonté du jeune roi en lisant dix-huit édits bursaux dont l’enregistrement fut fait d’autorité, avec la clause de l’exprès commandement[1].

Ces édits portaient élévation des droits affermés; obligation aux cabaretiers de payer une taxe extraordinaire pour être maintenus dans la permission exclusive de vendre du vin; établissement d’offices quadriennaux dans toutes les places de magistrature et de finance où déjà existaient des emplois annuels, alternatifs et triennaux; création d’un nombre infini d’offices de tous genres, aussi inutiles que leurs titres étaient bizarres ; imposition de nouvelles lettres de maîtrise dans tous les arts et métiers; augmentation du capital des gages et des attributions aux possesseurs des charges; addition à tous les privilèges, particulièrement à ceux de la noblesse, qui fut prodiguée par la Vente de l'anoblissement à tous ceux qui possédaient quelque fortune; enfin, création de plusieurs emprunts en rentes tant sur la ville que sur l’état[2].

  1. Forbonnais, année 1645.- Hist. du parlement.— Anquetil.
  2. Edits d’août 1645 et de mars 1646. - Moreau de Beaumont, t. 4, p. 670.