Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/400

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ciers dans le moment même où il avait le plus besoin de leurs secours. Leur argent n’en devint que plus cher. D’Emery voulut recourir aux créations et aux ventes d’offices et de privilèges, à de nouvelles attributions de fonctions et des gages aux juges royaux et seigneuriaux, moyennant finance; mais il trouva un obstacle dans la chambre des comptes, qui représenta avec force le préjudice que ces créations portaient aux peuples et à l’état. Il proposa enfin d’aliéner, par abonnement ou par rachat obligatoire, les droits féodaux appartenant au roi. La vérification de l'édit éprouva encore des difficultés, et elle n’eut lieu au parlement qu’à la condition que les rachats seraient libres. C’était détruire l’utilité du moyen en lui ôtant la promptitude.

Les tentatives infructueuses et le zèle peut-être irréfléchi des magistrats plaçaient le gouvernement dans une situation qui devenait plus critique chaque jour. Il importait à la gloire autant qu’a la sécurité future de la France de conserver les conquêtes faites. Elles étaient un gage de la paix avantageuse vers laquelle étaient dirigés tous les efforts du cardinal, et cependant la pénurie du trésor pouvait enlever le prix de tant de sacrifices. Un mauvais système d’impôts avait ruiné le peuple; les faux principes admis dans l’administration, l’ignorance et les déprédations des administrateurs, avaient détruit la confiance et le crédit dont elle est la source. Une meilleure distribution des tributs, ou du moins le retour à l’économie et à l’équité, pouvaient changer la face des choses; mais les hommes qui environnaient Mazarin ne devaient pas lui indiquer ces puissantes ressources des gouvernements qu’il ignora