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un faible accroissement de revenu de treize millions, pour lequel la France était grevée d'une élévation d’impôts de cinquante-quatre millions. Cette dernière somme n’est que bien peu éloignée de l’excédant annuel des recettes sur les dépenses portées à leur plus haut terme, puisque toutes n’étaient pas le résultat de besoins réels[1]. N’est-il pas démontré par cette situation que, sans les rentes perpétuelles, sans les gages et les autres attributions pécuniaires, conséquence de la vénalité introduite par François Ier, les tributs annuels auraient suffi aux nécessités du gouvernement, même en temps de guerre; et de plus que, sans ce déplorable système, la population eut été exempte d’une multitude d’exactions particulières ? Ce qui précède en effet ne peut encore donner qu’une idée imparfaite du changement survenu en peu d’années dans la condition des peuples. Pour compléter ce tableau, il y manque, indépendamment du montant des droits exercés par la noblesse, par le clergé et par les tribunaux, L'aperçu des sommes que percevaient directement les titulaires d’offices non supprimés ou rétablis, celui des concussions commises impunément par les gouverneurs dans les provinces, et la connaissance des bénéfices réalisés par les fermiers des impôts. Ce dernier article devait être considérable sous un gouvernement dont le chef, livré tout entier aux combinaisons de la politique extérieure et au soin de sa conservation dans le poste éminent où

  1. Ce rapprochement et les observations qu’il fournit sont justifiés par les détails recueillis dans les Recherches de M. de Forbonnais et dans les comptes de Mallet, en ce qui concerne la quotité et la nature des revenus, des dépenses et des engagements du trésor, pendant les dernières années des règnes de Henri IV et de Louis XIII.