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clergé par forme d’amortissement perpétuel des biens que cet ordre possédait, et toujours à l’invention des offices. Mais les traitants eux-mêmes ne se prêtaient plus à l’émission des emplois, dont le placement devenait plus difficile en raison de leur abondance : car les commis des comptables, et jusqu’aux chauffe-cire dans les tribunaux, s’étaient vus, moyennant finance, décorés du titre d’officiers royaux héréditaires. Malgré le produit de ces ressources passagères, le revenu de trois années était absorbé à l’avance, lorsque Richelieu, et, peu de temps après, Louis XIII, finirent leur carrière.


1645.— Le montant des tailles était alors de quarante-quatre millions, c’est-à-dire supérieur de trente millions environ à ce qu’était cet impôt à la fin du règne précédent. Les autres droits perçus ou affermés pour le compte de l’état s’élevaient à trente-six millions. De ce total de quatre-vingts millions, quarante-sept étaient absorbés par les rentes, les gages et les autres aliénations ; et l’épargne n’avait la jouissance que de trente-trois millions pour satisfaire à des dépenses que le faste du ministre plus que celui de la couronne, la guerre et l’abus des acquits de comptant, élevaient à quatre-vingt-neuf millions : ce qui établissait une insuffisance annuelle de cinquante-six millions. Sous Henri IV, au contraire, sur vingt-six millions de revenus l’épargne en recevait vingt. Ainsi, dans l’espace de trente-trois ans, dont la moitié avait été marquée soit par des troubles, soit par une interdiction de commerce non moins funeste à la reproduction, le trésor avait acheté par quarante et un millions d’engagements