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les Francs ne délivra pas les peuples soumis de toutes les taxes que les empereurs avaient exigées, mais que les conquérants l’exemptèrent des redevances ou des obligations qui, dans leurs idées, devaient être le partage des vaincus.

Il ne paraît pas que l’exemption des impôts s’étendît aux bénéfices ecclésiastiques, ou si, dans l’origine, églises et des abbayes jouirent de l’immunité des tributs, elles le durent non à un droit reconnu, mais à la vénération accordée aux saints et à la crainte de les offenser. Grégoire de Tours loue la justice et la piété de Théodoric, premier roi d’Austrasie, qui régnait en 555, parce qu’il avait remis librement aux églises d’Auvergne le tribut qu’elles avaient accoutumé de porter dans son trésor.

Ces sentiments étaient entretenus -par les évêques. « Celui-là, disaient-ils, fait un outrage personnel aux saints qui leur prend le moindre chose, et la punition ne peut tarder à le frapper. » Tous les rois cependant n’adoptèrent pas cette opinion du siècle ; mais ceux qui s’affranchirent de la contrainte qu’elle leur imposait ne le firent pas sans opposition à leur volonté.

Clotaire et Childebert, fils de Clovis, avaient exigé le tiers des rentes et des autres revenus que possédait l’Église. Les évêques, dit Grégoire de Tours, consentirent malgré eux à cette taxe, et souscrivirent l’édit qui l’établissait, à l’exception d’Injuriosus, évêque de Tours qui seul osa s’y refuser, « Prince, dit-il à Clotaire avec une sainte indignation, si vous voulez enlever à Dieu ce qui lui appartient, Dieu ne tardera pas à vous priver de votre royaume. Vous devez nourrir les pauvres du blé de vos greniers. N’est-il pas