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1634. - La remise d’un quart des tailles et de la crue des garnisons, dans le moment où la guerre se poussait avec le plus d’activité en Lorraine et en Italie, avait été le résultat de l’exigence inconsidérée qui avait porté cet impôt à trente-six millions. Dans la vue de retrouver bientôt ce que faisait perdre ce dégrèvement obligé, la déclaration qui l'annonçait prononça la révocation des anoblissements vendus depuis trente ans, des abonnements consentis à des villes, des exemption accordées à des roturiers; et, afin d’assurer l’effet de ces dispositions à l’égard de ceux qui échappaient à l’imposition, soit en usurpant les privilèges de la noblesse, soit en se rendant redoutables aux collecteurs chargés de la formation des rôles, on renouvela les règlements préparés par Sully, qui autorisaient et même obligeaient les officiers des élections à taxer d'office les taillables qui ne seraient pas portés sur les listes[1].


1636.- Dans le coins des hostilités qui désolaient l’Europe, une armée espagnole pénètre en Champagne et en Picardie, parcourt, en les ravageant, ces provinces, assiège et prend Corbie, dernière place forte avant Paris. Dans ce moment de danger la nation donna la mesure des sacrifices que les rois de France peuvent attendre de l'affection et du patriotisme de leurs sujets. Les cours supérieures, l’université, la capitale, les villes, bourgs et villages, et des monastères, fournirent spontanément l’argent nécessaire pour l’armement et l’entretien de vingt-sept mille hommes qui,

  1. Moreau de Beaumont, t. 2, p. 20, 21 et suiv.