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rent admises à se racheter de la taxe. On créa de nouveaux droits sur les eaux-de-vie, sur les fers en gueuse ou travaillés, sur le papier, sur les cartons, sur les ouvrages d’orfèvrerie.

Ces édits ne passaient point dans les cours souveraines sans difficultés ou sans remontrance. Une fois les membres de la cour des aides, prévenus que le comte de Soissons devait s’y rendre pour faire vérifier la création de plusieurs taxes, s’absentèrent tous, afin de témoigner leur opposition à l’enregistrement. Le roi les interdit, et nomma pour les remplacer des maîtres des requêtes et des conseillers d’état. Dans d’autres circonstances, les chambres du parlement ayant voulu s’assembler pour délibérer au sujet de nouvelles impositions, des présidents et des magistrats furent envoyés à la Bastille ou exilés, et l’affaire n’eut pas d’autres suites : tout fléchissait sous la volonté énergique du cardinal[1].


1629.- Le tabac attira, pour la première fois, l’attention du fisc. Cette plante, apportée en France en 1560 par Jean Nicot, et nommée, successivement, nicotíam, herbe à la reine, était alors connue sous la dénomination de petun ; Sa vertu séduisante commençait à en répandre l’usage, lorsqu’une déclaration enregistrée « du très exprès commandement » assujettit le petun à un droit de trente sous par livre à son entrée dans le royaume ; mais, par une exception motivée sur l’intention de favoriser les établissements coloniaux, le tabac récolté dans les îles et les autres pos-

  1. Comptes de Mallet, pag. 90 et 91.