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justice, et sur lesquels on obtenait des avances dont l’intérêt n’excédait pas dix pour cent, taux que l’on considérait comme avantageux. Dans le même moment les contribuables se virent privés du moyen de subvenir au paiement des impôts, d’abord, par les mesures prises, en Angleterre, de repousser les denrées et les autres productions de la France, sous peine de confiscation; et en second lieu, par une déclaration du roi qui défendait tout commerce par mer avec amis ou ennemis. Le gouvernement, n’ayant pas encore de vaisseaux pour protéger la marine marchande contre les armements des Anglais, voulut les priver des secours que leur procuraient des prises ruineuses pour les armateurs de la France. Cette défense, qui arrêtait l’écoulement des produits du sol, fut maintenue pendant douze années.

Ce n’était pas assez pour Richelieu d’avoir fait signifier à la nation, dans la personne de ses notables, que la couronne était en possession d’établir désormais les impôts de sa seule autorité, il voulut préparer aux conséquences de cette maxime les pays d’états par l’intervention du gouvernement dans leur administration intérieure, et en profitant de toutes les circonstances qui pourraient y favoriser l’introduction des officiers royaux, dont l’établissement dans les autres provinces assurait le libre exercice de la puissance royale.

Dans une assemblée des trois ordres de la Bretagne, qui avait précédé de quelques mois la convocation des notables, Louis XIII, assistant à la tenue des états provinciaux, obtint un secours annuel de six cent mille livres. Les fonds devaient en être faits au moyen d’un impôt ou devoir de huit livres dix sous sur cha-