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lance vigilante sur les dépositaires de la fortune publique, afin d’assurer l’accomplissement de toutes leurs obligations, et de revenir aux états de contrôle que Sully avait introduits. Expliquant, ensuite à l’assemblée l’embarras où il avait trouvé le trésor, les expédients ruineux que la nécessité l’avait forcé d’adopter, et leurs fâcheuses conséquences, il rappela aux notables que l’intention du roi, en les convoquant, avait été de connaître leur avis sur les remèdes que l’état des affaires exigeait. « L’avis que le roi vous demande, ajoutait le marquis d'Effiat, n'est que votre consentement en des choses qui dépendent nuement de Sa Majesté. Il demande d’être secouru, non pour s’en prévaloir, mais parce que la sécurité publique le requiert....... Étant si éloigné de faire chose qui puisse fouler son peuple, qu’il les décharge de six cent mille livres par le brevet des tailles de cette année, qu’il pouvoit augmenter autant qu’il eût plu à sa souveraine autorité. »

Ces expressions ne laissaient aucun doute sur le droit absolu, que Richelieu attribuait à la couronne, de n’être arrêtée dans l’établissement et l’augmentation des impôts que par l’impossibilité de les percevoir. Cette prétention était contraire aux principes professés par Sully, et avant lui par Philippe de Commines : présentée au sujet des tailles dans les états-généraux tenus à Tours en 1484; elle avait été repoussée; elle fut inaperçue par des notables qui tous étaient exempts de la taille personnelle.

L’assemblée, se renfermant pour tout ce qui tenait aux questions d’un intérêt général dans le cercle tracé par les ministres, étendit cependant les voies d’écono-