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que cent soixante receveurs particuliers et vingt receveurs généraux élevaient au triple des fixations réglées. Les contrôleurs, les trésoriers de France, toléraient ou partageaient ces prélèvements abusifs; et, lorsque la chambre des comptes en refusait l'allocation, on lui produisait des édits non enregistrés, ou des lettres de jussion la forçaient d’admettre ces allocations excessives. Tous les comptables, profitant du relâchement de l’administration et de l’incurie ou de l'incapacité de leurs surveillants, s’étaient affranchis des descriptions et des règles que Sully avait introduites. Le désordre et la confusion étaient portés à un tel point que le surintendant n’avait pu connaître ni la situation des ressources disponibles, ni le montant des dépenses acquittées pour les services de la guerre et de la marine. « Semblables à la seiche, qui à cette industrie de troua pour tromper les yeux du pêcheur qui 1°épie, de même les trésoriers de l’épargne et les receveurs généraux avoient obscurci leur maniement, » de telle sorte qu’il était impossible de reconnaître dans les comptes des premiers ce que les receveurs généraux avaient versé, ou de retrouver chez ceux-ci ce que les trésoriers avaient reçu. Le retard dans l'apurement des gestions devait être le résultat de ce désordre; et la chambre des comptes déclarait qu’il lui serait impossible de distinguer les recettes et les dépenses réelles des opérations supposées, tant que les trésoriers de l’épargne et leurs correspondants n’auraient pas remis leurs comptes, qu’ils n’avaient pas rendus depuis cinq ans, de même que les fermiers des impôts et les partisans.

Pour ramener l’ordre et la régularité dans les gestions, le surintendant s’engageait à exercer une surveil-