Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/373

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venait d’être exécutée en Bretagne sur les châteaux du duc de Vendôme, comme une satisfaction accordée aux états de la province, qui en avaient fait la demande dans une assemblée tenue en présence du roi et de Richelieu. Mais ces épargnes, bien qu’elles fussent évaluées à plus de trois millions, seraient trop faibles pour que les besoins de l’état n’excédassent pas encore ses revenus : « restoit donc à augmenter les recettes, non par de nouvelles impositions que les peuples ne pourroient plus porter, mais par des moyens innocents qui donnent lieu au roi de continuer ce qu’il a commencé à pratiquer, en déchargeant ses sujets par la diminution des tailles ; et l’avis que le roi vous demande n’est que votre consentement sur des choses qui dépendent nuement de Sa Majesté. »

Ces moyens consistaient à faire rentrer le gouvernement dans la jouissance de vingt-deux ou vingt-trois millions de revenus en domaines et autres produits qui étaient engagés. « Alors le trésor pourroit suffire à tous les besoins ; les peuples seroient soulagés, et ne payeroient d'impôts que ce qui seroit nécessaire pour qu’ils n’oublient pas leur condition et ne perdent pas la coutume de contribuer aux frais publics. En cas d’entreprise étrangère ou de rébellion intestine, ajoutait le cardinal, ou lorsqu’il sera question d’exécuter quelque dessein utile et glorieux pour l'état, il ne faudra plus courtiser les traitants ni puiser à grand prix dans leurs bourses, souvent pleines des deniers du roi ; on ne verra plus les cours souveraines occupées à vérifier des édits nouveaux ; et les rois ne paraîtront plus en lit de justice que pour ré-